Saint-Martin-de-la-Place

La mairie déléguée et les élus...

la mairie Déléguée

Horaires d’ouverture

  •  Mardi, jeudi : 9h00 – 12h30

UN PEU D’HISTOIRE…

Des origines gallo-romaines

Dans l’Antiquité, la Loire était encore un fleuve réellement sauvage, au cours fluctuant, parsemé d’îles. Il n’y avait pas de levées pour empêcher ses débordements. Elle inondait régulièrement la Vallée, couverte de forêts et de prairies plus ou moins marécageuses selon les saisons. St Martin de la Place apparait dans l’histoire à l’époque gallo-romaine. C’est alors un carrefour de voies de communication non négligeable, à l’un des rares endroits où l’on pouvait franchir le Val de Loire sans trop de mal entre Langeais et Angers. Un passage comprenant une chaussée surélevée sur pilotis et des bacs traversait les vallées de la Loire et de l’Authion sur le territoire actuel de la commune, reliant deux voies romaines parallèles à la Loire, l’une au Sud sur le haut du plateau, l’autre au Nord sur la basse terrasse surmontant l’Authion. Les pieux en chêne de la chaussée surélevée, datés d’environ 50 après J.-C., sont encore visibles au Port par très basses eaux. Ce passage stratégique était contrôlé par un camp militaire situé au dessus de Chênehutte, en face de St Martin de la Place. Sur la rive Nord du fleuve (qui coulait alors plus près du coteau qu’aujourd’hui), se fixèrent quelques maisons. Les buttes insubmersibles du Bourg et de la Croix Rouge furent aussi occupées à cette époque ; on a retrouvé les fondations d’une demeure gallo-romaine près de la gare. La destruction du passage (incendié au IVe siècle lors des conflits qui marquent l’écroulement de l’empire romain) ne mit pas fin à l’occupation du site ; quelques habitants continuèrent à y vivre.

Au Moyen Age : l’expansion

La véritable naissance de St Martin de la Place date de la fin du Xe siècle quand l’abbaye de St Florent de Saumur est dotée par le comte de Blois d’une bonne partie de son terroir. Ses sols fertiles, constamment enrichis par le limon déposé par les crues, sont vite mis en valeur ; l’installation de serfs est mentionnée à St Martin de la Place dès 987. Les défrichements s’accélèrent, dans les zones insubmersibles ou protégées par des turcies (ancêtres des levées, construites sur une ossature de branchages ancrés par des pieux). Le peuplement se renforce. Dès le milieu du XIe siècle St Martin de la Place est érigée en paroisse indépendante. La première mention de son nom (en latin : Sanctus Martinus de Platea) date de 1060 ; il rappelle sa double origine : l’église dédiée à Saint Martin et la longue chaussée (platea) gallo-romaine. Mais l’abbaye de St Florent n’est pas seule à s’intéresser à ce riche terroir. La paroisse des Tuffeaux (basée de l’autre côté de la Loire) y possède une enclave qui suit le tracé de l’ancien passage gallo-romain entre Loire et Authion. La famille Roinard doit à sa proximité avec les comtes d’Anjou le domaine de Boumois où elle construit un château-fort au XIIe siècle. Après la crue catastrophique de 1150, le comte d’Anjou décida (sous la pression des principaux seigneurs de la Vallée) de faire construire une levée continue, de Planchoury (près de Langeais) à St Martin de la Place. La charte fut signée en 1168 « en Vallée, dans la Prée de St Florent », c’est-à-dire sur les terres que l’abbaye de St Florent possédait à St Martin de la Place. En échange des travaux de terrassement et de l’entretien ultérieur de la levée, les nouveaux habitants sont affranchis (pour les serfs) ou dispensés d’impositions et de service militaire (pour les hommes libres). La population augmente alors rapidement et le centre de gravité de St Martin de la Place bascule vers le Nord, à l’abri de la nouvelle levée (qui ne protège pas le bourg d’origine et l’église situés en bord de Loire). Le peuplement prend sa forme actuelle : alignement des maisons le long de la levée (surtout au Bourg et à la Croix rouge) et, dès le XIIIe siècle, dispersion de fermes sur les zones de défrichement de la Vallée ; les zones les plus basses, près de l’Authion, encore inondables, restent en bois ou pâturages communaux. 1 000 à 1 200 habitants devaient y vivre à la fin du XIIIe siècle. Les St Martiniens vivent alors essentiellement de l’agriculture. La meilleure protection de la Vallée permet de diversifier les productions. A côté de l’élevage (dominant), céréales et fèves se développent, ainsi que vignes et arbres fruitiers. D’abord serfs (sauf sur la levée), les paysans acquièrent peu à peu leur liberté à partir du XIIIe siècle. Artisans et commerçants s’installent aussi. La fin du Moyen Age (XIV et XVe siècles) met fin à cet essor. Epidémies de peste après 1348, troubles liés à la guerre de 100 Ans, multiplication des impôts et taxes (à ceux payés au seigneur et à l’Eglise s’ajoutent maintenant ceux réclamés par le roi) rendent la vie plus précaire. Un seul vestige de cette époque a survécu jusqu’à nous : la chapelle de la Madeleine (du début du XIIe siècle). Le château de Boumois (alors situé derrière elle) fut détruit en 1369 par les troupes anglaises lors de la guerre de Cent Ans, l’ancienne église St Martin le sera par la Loire au début du XVIIe siècle.

Du XVIe au XIXe siècle : une relative prospérité

L’agriculture se diversifie, de riches cultures (blé, fèves, chanvre) surpassant maintenant l’élevage, qui reste important dans les zones les plus humides (les prées). De nombreux champs sont parsemés d’arbustes en rangées (vignes hautes, arbres fruitiers, en particulier pruniers) qui assurent un revenu complémentaire et ont l’intérêt de ne pas être soumis à l’impôt. La Loire est aussi une source d’activités, même si son rôle est très inférieur à celui qu’elle joue chez nos voisins de St Clément des Levées : on dénombre une dizaine de familles de mariniers ou de pêcheurs. Le chanvre (utilisé pour voiles et cordages de la marine de Loire) fait vivre quelques filassiers ou filtoupiers. La proximité du vignoble saumurois donne du travail aux tonneliers et cercliers (qui fabriquent les cercles qui enserrent les tonneaux). Un moulin à vent fonctionne aux Pâtures, des bateaux-moulins sont ancrés dans la Loire. Sans doute proche de 1 250 habitants à la fin du XVIe siècle, la paroisse décline (comme beaucoup en Anjou) au XVIIe, en compte 1 150 à la Révolution et atteint un second maximum entre 1830 et 1850 avec 1 300 habitants. Pour l’essentiel, il s’agit d’agriculteurs. A côté des laboureurs (assez riches pour posséder bœufs ou chevaux et charrue) et des riches fermiers des grands domaines, les autres mènent une vie souvent difficile : bêcheurs (n’ayant que leur bêche comme outil de travail), journaliers et « hommes de peine ou de labeur » (se louant à la journée), domestiques ; tous doivent compléter leurs maigres ressources par une activité artisanale (cerclier, tisserand, sabotier). Les femmes sont couturières ou domestiques. Le Bourg et la Croix Rouge abritent deux noyaux d’artisans (maréchal ferrant, menuisier, maçon, tonnelier, sabotier) et commerçants (boulanger, boucher, drapier), un relai de poste et des auberges, quelques représentants du pouvoir seigneurial ou royal (notaire, sergent royal, « gabelou »), le curé et son vicaire, ainsi que les mariniers et pêcheurs. A partir du XVIe siècle, quelques familles de la noblesse ou de la bourgeoisie saumuroise (notaire, huissier, propriétaire rentier) achètent des terres et font réaménager de riches résidences (la Poupardière, la Martinière ou Villeneuve), sans toutefois égaler Boumois, somptueusement reconstruit à l’abri de la levée en 1520-30. Délaissant les maisons en torchis et à toit de chaume, on passe peu à peu (surtout après le XVIIe siècle) à la pierre de tuffeau et aux ardoises apportées par la Loire et l’Authion. Pendant des siècles, la vie des St Martiniens a peu changé, rythmée par les saisons et travaux agricoles, les fêtes religieuses et les foires annuelles (il en a existé une devant la chapelle de la Madeleine). On se marie à plus des 3/4 dans la paroisse, exceptionnellement on trouve son conjoint dans une paroisse voisine ; tout le monde se connait et est plus ou moins cousin… Quelques événements rompent la monotonie, parfois dramatiques (inondations, rupture de levée, chavirage d’une barque, faucheurs foudroyés dans un pré), parfois festifs (célébration de naissances ou de victoires royales, passage de célébrités).

 

La ruine de l’église primitive a beaucoup marqué les contemporains. Située hors de la protection de la levée, d’accès souvent malaisé en période de hautes eaux, de plus en plus attaquée par la Loire qui en sape les fondations, l’antique église St Martin est peu à peu délaissée au profit de la chapelle St Etienne, érigée vers 1550 dans le Bourg. Gravement endommagée par la crue de 1615, elle dut être abandonnée en 1626. On en voit parfois quelques restes au large du Port, sur le banc de sable qui apparait en été par basses eaux. Les seigneurs de Boumois et de la Poupardière sont estimés par la population et eux comme leurs biens traversent sans problèmes la Révolution. Mais la commune est impactée par la guerre de Vendée ; comme tout le Saumurois, elle sert de base arrière aux opérations militaires ; les réquisitions sont lourdes en nourriture, matériel et hommes (pour l’armée et pour conduire les charrettes vers le Sud). 19 St Martiniens perdront la vie lors des guerres de la Révolution et de l’Empire (dont 6 en Vendée). En 1815, après Waterloo, la commune devra subir l’occupation de soldats prussiens durant quelques semaines. La période révolutionnaire est une réelle rupture. La commune de St Martin de la Place absorbe l’enclave des Tuffeaux, petit territoire s’étendant de la Croix Rouge à l’Authion. Les terres de l’abbaye de St Florent (le domaine de la Blairie) sont vendues comme biens nationaux. Le grenier à sel (à droite de la Maison de la presse), où l’on devait payer la gabelle (l’impôt sur le sel) est fermé. Peu après, le château de Boumois est acheté par des roturiers. Vers 1830, les derniers communaux (terres collectives) sont divisés et vendus.

XIXe – début XXe siècle : une commune encore rurale

L’arrivée du chemin de fer (la gare de St Martin de la Place ouvre en 1849) marque l’entrée dans l’ère moderne. Au milieu du XIXe siècle, la commune est considérée comme prospère ; on lui refuse fréquemment des subventions pour cette raison. Le déclin de la marine de Loire (qui n’était pas une activité très importante) est compensé par l’ouverture de nouveaux débouchés pour l’agriculture, grâce au chemin de fer. Cultures fruitières et surtout maraichères se développent, tirant profit de la fertilité des sols et d’accès plus rapide aux grands marchés de consommation ; grossistes et transporteurs apparaissent. Commerçants et artisans restent variés et nombreux ; on compte ainsi en 1911 (au bourg et à la Croix rouge) 2 boulangers, un boucher, un charcutier, 2 coiffeurs, un épicier, un buraliste et plusieurs cafetiers ! La plus grande facilité de communication et le peu de création d’emplois sur place hors de l’agriculture poussent les jeunes à quitter la commune. La population décline de 1 300 habitants à moins de 1 000 en 40 ans (1851-1891), puis stagne autour de 900 habitants jusqu’en 1946. La commune est très affectée par la grande crue de juin 1856, qui ravage tout le Val de Loire. Il n’y a pas de pertes humaines, mais les dégâts matériels sont importants. Dans les zones les plus basses de la commune (en bords d’Authion) l’eau monta jusqu’à 3 m. de hauteur et mit des semaines à se retirer. L’aspect architectural du Bourg se modifie au XIXe siècle. L’église St Etienne (simple chapelle au XVIe siècle, dotée de son clocher au XVIIe) est considérablement agrandie et prend sa forme actuelle. Les années 1850-70, on construit la gare et la mairie-école (œuvres de l’architecte saumurois Joly Leterme), puis le presbytère. En 1896, la Blairie est achetée par quelques notables locaux et l’abbé Artif, curé de la paroisse, y crée la Société hospitalière de St Martin de la Place (pour indigents et personnes âgées) ; le bâtiment est agrandi et doté d’une chapelle. La commune a tendance à se replier sur l’activité agricole. Les dépenses vont surtout aux chemins ruraux et aux routes, à l’entretien des fossés de drainage. Le chemin de fer (mal vu car il coupe la commune en deux) est imposé par l’Etat ; l’installation d’un bureau de poste, du télégraphe puis du téléphone, de l’éclairage public, n’est acceptée qu’avec retard. L’électricité n’arrive à Saint Martin qu’en 1931, après le vote d’une pétition pour l’exiger ! La guerre de 1914-18 soudera tous les St Martiniens dans la défense de la patrie et la douleur. La commune participe à l’effort de guerre par des collectes d’argent et de couvertures ou la confection de chaussettes en laine pour les soldats. Plus de 140 hommes sont appelés sous les drapeaux (45% de la population active masculine) ; femmes, enfants et anciens font de leur mieux pour les remplacer. 38 natifs ou résidents de St Martin de la Place y laisseront la vie, environ 15% des hommes adultes. La guerre 1939-45 sera moins cruelle (2 morts, plusieurs prisonniers de guerre, STO et déportés), mais affectera directement la commune, cible de quelques bombardements lors de la libération de Saumur en juillet-août 1944. Quatre jeunes FFI y perdront la vie le 25 août 1944 lors d’un échange de tirs avec les Allemands situés sur la rive Sud de la Loire.

Evolutions récentes : basculement dans le périurbain

Le début des années 1970 marque une nouvelle révolution dans la vie de la commune. L’agriculture connait des mutations radicales. Le maraichage familial et l’élevage disparaissent ; on assiste à une concentration des exploitations et au passage à une agriculture très mécanisée, spécialisée dans les céréales et la production de semences (maïs en particulier). Le nombre d’agriculteurs s’effondre brutalement. La construction de la nouvelle route vers Saumur en 1972 facilite grandement les relations avec la ville voisine, si longtemps ignorée. En une vingtaine d’années, St Martin de la Place est devenue une commune périurbaine. Sa population se renouvelle profondément : les « vieilles familles » aux origines rurales se font rares, plus de la moitié des actifs sont maintenant ouvriers ou employés à Saumur. Une active politique de lotissements (d’abord en accession à la propriété, puis en locatif), permet à la population d’augmenter à nouveau, passant de 1 000 habitants en 1950 à 1 160 aujourd’hui. De nouveaux services sont créés (Centre culturel, aménagements sportifs, assainissement collectif), mais les commerces de proximité se font de plus en plus rares. Le tourisme se développe (camping, guinguette, hôtel, restaurants).

Emmanuel Brunet

La commune déléguée en images…

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